Depuis le début du confinement, je me suis astreint à ne pas intervenir dans le débat public, considérant que la priorité absolue est à la lutte contre la pandémie et à l’observation des consignes de confinement, de distanciation sociale et des gestes barrière. Je tiens d’ailleurs à saluer l’ensemble des personnels soignants, admirables de courage et d’engagement dans cette lutte qui touche durement notre pays. J’y associe tous ceux qui, commerçants et salariés des entreprises, agents des services publics, bénévoles des associations, continuent de travailler pour permettre à notre pays d’avancer malgré les circonstances.

Désormais, nous devons préparer la sortie du confinement, qui sera très progressive comme chacun l’a bien compris. Cette crise sanitaire se double d’une crise économique majeure et, c’est à redouter, d’une crise sociale non moins inquiétante.

L’Etat, les collectivités locales doivent être à l’unisson pour anticiper les conséquences de ces crises, préparer l’après confinement et la relance nécessaire de notre économie, afin de sauvegarder nos emplois et le pouvoir d’achat de chacun. Cette crise globale est inédite, elle appelle des comportements responsables et constructifs. Le devoir de chacun est d’y participer, et cela commence par les élus de nos conseils municipaux.

Ici à Lorient, nous ne savons pas quelle est la stratégie du Maire et de son équipe pour gérer la crise et surtout préparer notre avenir à court et moyen terme. Des messages ont été passés mais à aucun moment, le Maire et son équipe n’ont daigné consulter les élus minoritaires pour recenser les bonnes idées et mobiliser les bonnes volontés.

Comme la loi sur l’état d’urgence sanitaire le permet, il est tout à fait possible de continuer à faire fonctionner, même a minima, les instances délibératives (conseil municipal, commissions), y compris avec des moyens nouveaux comme les visio conférences. Faut-il donc en venir à réclamer la tenue d’un conseil municipal extraordinaire, comme peuvent le faire 20% des élus, soit 9 sur 45 à Lorient ?

Or, bien des questions se posent, auxquelles je ne doute pas que le Maire et son équipe y réfléchissent, mais qui justifieraient un minimum de dialogue et d’échanges. J’en citerais quelques-unes :

  • Quelle stratégie d’acquisition et de distribution de masques, qui est une préoccupation aujourd’hui majeure pour la population ? Pourquoi, comme c’est le cas sur d’autres territoires, Lorient Agglomération ne coordonne t’elle pas ces achats pour toutes les communes ? Pourquoi d’ailleurs ces difficultés à s’approvisionner en masques alors que c’est loin d’être le cas ailleurs en Bretagne ? Pourquoi ne pas s’associer aux initiatives pour la fabrication de masques, gels et blouses dans notre région (exemple du projet de Saint-Brieuc), alors qu’on peut penser qu’on est loin d’en avoir fini avec le Covid19 ?
  • Quel soutien doit-on d’ores et déjà apporter aux commerces et entreprises de Lorient et même du Pays de Lorient ? Quelle stratégie de relance à moyen terme pour l’ensemble du Pays de Lorient ? Pour notre part, nous demandons au moins la suppression des droits de place à Lorient jusqu’à la fin de l’année ainsi qu’une réflexion sur les autorisations d’occupation temporaire (AOT) du domaine public, notamment maritime, à l’agglomération et dans les syndicats mixtes dont nous sommes partie prenante.
  • Quel accompagnement par la ville de la décision d’ouverture progressive de nos écoles et de nos crèches à partir du 11 mai ? Et des autres équipements publics municipaux ensuite ?
  • Comment soutenir nos concitoyens qui sont déjà dans une situation économique difficile ?
  • Quel soutien peut-on apporter aux associations qui œuvrent au quotidien pour accompagner les plus fragiles (soutien financier, distribution de masques et de gel hydroalcoolique) ?
  • Comment faciliter la vie de nos concitoyens confinés, qui en profitent pour faire du bricolage ou des travaux de jardinage, en leur ouvrant par exemple certaines de nos déchetteries ?
  • Quelle est la position de la collectivité sur la tenue des événements festifs de l’année, tant pour ce qui concerne les autorisations d’occupation du domaine public que les soutiens financiers qui sont apportés et doivent être confirmés ?
  • Quelles conséquences de la crise sur le budget de la ville et sur celui de l’agglomération ?

Et il y a sans doute bien d’autres questions qui demeurent.

Si selon la formule consacrée par Pierre Mendès-France,

« Gouverner, c’est prévoir »,

il est temps désormais de se mettre autour de la table, ou des outils de visio conférence, pour discuter de ces sujets sans esprit polémique et avec la conscience de travailler pour éviter des conséquences gravissimes pour nos concitoyens.

Pour ma part, avec mes équipes, nous préparons des propositions que nous verserons au débat public dans les prochains jours.

Mais ce n’est que dans un esprit de dialogue, d’une certaine unité des hommes et des femmes qui composent notre conseil municipal et notre conseil communautaire que nous saurons être à la hauteur des attentes légitimes de nos concitoyens et contribuer de façon constructive à la relance de notre économie locale et de notre vie sociale.

J’appelle donc à ce que nous soyons collectivement à la hauteur de ces évènements !

Fabrice LOHER